Nous habitants de la périphérie du Grand Lyon, nous qui avons déjà dû accueillir tout ce que la Métropole ne voulait plus sur son territoire, nous qui devons subir les nuisances externalisées de ces délocalisations, nous qui sommes déjà très impactés par des contraintes de protection de tout ordre pour le plus grand bien du Grand Lyon. Nous allons devoir en plus subir les conséquences de la mise en place par les Élus du Grand LYON d’une ZEF renforcée.
Petit rappel, que dit la Loi ou plus précisément que disent les deux lois codifiant les ZFE :
- La Loi d’orientation des mobilités (LOM) de 2019 a rendu obligatoire la création d’une ZFE dans les métropoles où les normes de qualité de l’air sont structurellement enfreintes : Paris, Grenoble, Lyon, Strasbourg, Aix-Marseille-Provence, Montpellier…
- La Loi climat et résilience de 2021 est venue en préciser le tempo, avec un calendrier progressif de sortie des véhicules les plus polluants :
- L’interdiction des véhicules Crit’Air 5 au plus tard le 1er janvier 2023 ;
- L’interdiction des véhicules Crit’Air 4 au plus tard le 1er janvier 2024 ;
- L’interdiction des véhicules Crit’Air 3 au plus tard le 1er janvier 2025 ;
Depuis le 1er septembre 2022, il découle de leur application par les Élus du Grand Lyon, une impossibilité pour nous, habitants des zones périphériques, de nous rendre dans le périmètre central de l’actuelle ZFE du Grand LYON avec des véhicules Crit’Air 5 et non classés.
C’est-à-dire avec :
- Des voitures immatriculées pour la première fois avant le 1er janvier 1997 ou le 1er janvier 2001 s’il s’agit d’un véhicule diesel ;
- Des deux-roues motorisés immatriculés pour la première fois avant le 1er juin 2000.
Pour mémoire, la ZFE était déjà inaccessible aux poids lourds et véhicules utilitaires légers (de catégorie n) classés Crit’Air 5, 4 et 3 ou non-classés.
Ces restrictions sont applicables au sein du périmètre de la ZFE :
- 7 jours/7 et 24 heures/24 ;
- En circulation comme en stationnement.
Le périmètre central c’est quoi ?
Et bien contrairement à ce que l’on pourrait penser ce n’est pas que la presqu’île même élargie, c’est :
- Lyon (à l’exception des secteurs du port Édouard Herriot dans le 7e arrondissement, et de Saint-Rambert dans le 9e),
- Caluire-et-cuire (intégralité de la commune),
- Villeurbanne, Bron et Vénissieux sur les secteurs situés à l’intérieur du boulevard périphérique Laurent Bonnevay.
Les règles de la ZFE ne s’appliquent pas aux grands axes (M6-M7, périphérique Nord et boulevard périphérique Laurent Bonnevay).
Certains diront, c’est un moindre mal mais non car les Élus du Grand Lyon ont décidé d’aller encore plus loin :
- En renforçant la réglementation du périmètre central en interdisant dès le 1er septembre 2025 les Crit’Air 2 ;
- Et surtout en mettant en place un périmètre étendu qui dans sa dimension minimale concernera les voies M6/M7, le boulevard BONNEVAY, le périphérique Nord les parties des autoroutes A42 et A43 situées dans le Grand Lyon. Où les voitures, poids lourds et utilitaires légers Crit’Air 3 seront interdits dès le 1er septembre 2026.
Je vous laisse seuls juges des conséquences que cela peut avoir sur vos vies de tous les jours, vos vies professionnelles, vos besoins de vous rendre sur LYON pour toutes actions de votre vie sociale ou d’accès aux soins médicaux hospitaliers.
Quelles seront les conséquences du non-respect des interdictions liées à la ZFE ou si vous n’avez pas la vignette Crit’Air apposée sur votre pare-brise ou si vous n’avez pas la vignette correspondant à votre véhicule ?
Vous vous exposez à une contravention (conformément à l’article r411-19-1 du code de la route) :
- De 68 euros pour les voitures particulières et véhicules utilitaires légers (amende de classe 3) ;
- De 135 euros pour les poids-lourds, cars et autocars (amende de classe 4).
Dans un premier temps, les contrôles seront effectués par les forces de Police municipale et nationale, aussi bien sur les véhicules en stationnement qu’en circulation.
À terme, le contrôle de la ZFE sera assuré par des radars à lecture automatisée des plaques d’immatriculation, positionnés en bordure et à l’intérieur du périmètre. Les propriétaires des véhicules en infraction seront avisés par courrier de leur verbalisation, comme c’est actuellement le cas pour les excès de vitesse.
Certes tout le monde est pour que nous et surtout nos enfants puissions retrouver à terme une meilleure qualité de l’air et bénéficier d’une atténuation du changement climatique mais cela doit-il se faire au détriment des plus fragiles de nos Concitoyens et des classes moyennes.
Ne nous leurrons pas les aides envisagées tant par le Gouvernement que par les Élus du Grand Lyon ne permettront pas au plus grand nombre de pouvoir acheter des véhicules électriques et notamment les habitants des zones périphériques qui eux ne pourront même pas bénéficier des aides de la Métropole.
Sous couvert de la nécessité inéluctable de protection de la qualité de l’air et du climat n’est-on pas en train d’assister à la mise en place de nouveaux privilèges où seuls certains nantis pourront sans scrupule continuer à utiliser des voitures individuelles, d’utiliser des jets privés, des yachts de plus en plus gros, de bénéficier de loisirs et vacances très énergivores ?
Il serait sans doute urgent de s’interroger sur les conséquences néfastes générées par une économie mondialisée prônée par tous les Dirigeants occidentaux pour le plus grand profit des géants de l’industrie et du commerce où un Jeans fait deux fois le tour de la planète pour finir au rayon textile d’un hypermarché.
Jean-Pierre COTTAZ
Retour de ping : ZFE, vent de révolte en vue ! Les articles de la Tribune libre -
Merci Jean-Pierre pour cette analyse exhaustive, argumentée, pertinente et ô combien explicite sur les conséquences néfastes de la transition énergétique pilotée de manière brutale et coercitive par des élites déconnectées des réalités quotidiennes des citoyens.
Nos compatriotes, dans une immense majorité, ne sont ni des imbéciles ni des ignorants, et sont parfaitement conscients de l’importance de la démarche citoyenne à adopter dans la préservation de notre environnement et de nos ressources naturelles ; cependant ce sont les plus précaires et les plus démunis qui paieront le plus lourd tribut de ces injonctions car ils ne pourront satisfaire à ces exigences par manque de moyens, les aides de l’état étant insuffisantes pour ces derniers en cas d’acquisition d’un véhicule électrique.
Bernard Pélandre – Beynost.