La fibre à BEYNOST doit-on en rire ou en pleurer ?

Beaucoup de nos Élus, qu’ils soient nationaux, régionaux, départementaux, intercommunaux ou communaux, se félicitent du déploiement de la fibre sur leur territoire respectif mais ont-ils seulement pris conscience de l’absurdité dans laquelle notre pauvre Pays a été placé par la « libéralisation à outrance », tant prônée par l’Union Européenne.

Exemple hélas existant dans d’autres communes, notamment du Département de l’Ain, le cas de la commune de BEYNOST.

Petit rappel historique préalable :

Alors qu’autrefois lorsque vous vouliez être raccordé au téléphone vous n’aviez qu’un seul interlocuteur : « France -Télécom » qui s’occupait de tout depuis la rue jusqu’à l’emplacement défini par vous pour votre prise téléphonique.
Après l’ouverture à la concurrence, pour soi-disant faire baisser les coûts, les choses ont commencé à se complexifier car il fallait choisir un opérateur. Ce choix opéré l’Internet utilisant le réseau cuivre nous avons pu ainsi évoluer jusqu’ ADSL sans trop de problème.

Avec la fibre tout atteint une complexité sans nom

Surtout dans les zones non AMII c’est-à-dire les zones où aucun opérateur n’a répondu à l’Appel à Manifestions d’Intentions d’Investissement. En effet dans ces zones, les moins densément peuplées, le déploiement de la fibre est désormais à la charge des collectivités locales donc à la charge des habitants une fois déduit les subventions reçues, les recettes de location de la boucle locale déployée par le SIEA par exemple pour notre Département.

Cette notion particulière de l’aménagement du territoire national revient à laisser à la charge des zones les moins intéressantes pour les Opérateurs l’accès au Très Haut Débit, bel exemple de négation de la notion de solidarité nationale dont le Gouvernement provisoire de la République, sous l’autorité du Général DE GAULLE, aurait une bien piètre estime, lui qui a mis en place les Plans Quinquennaux qui œuvrèrent pour un aménagement équitable pour tout le territoire national en s’appuyant sur nos ex grands services publics.

Cette volonté politique créa ainsi une très belle réussite nationale avec « France-Télécom » qui permit de raccorder de façon équitable l’ensemble du territoire national au téléphone y compris les plus petits hameaux en zones de montagne et mis au point le Minitel que même les Américains nous enviaient avant l’arrivée de l’Internet.

Et maintenant

État de la situation ubuesque en 2022 à partir d’un exemple réel dans la Rue Saint-Pierre à BEYNOST : demande de raccordement de deux maisons neuves auprès d’Orange Raccordement après 9 mois on attend toujours que le dossier ne soit plus en cours d’instruction. Le passage de deux techniciens d’Orange pour le raccordement s’est traduit par un rapport prétendant que des travaux restaient à faire sur la partie privative alors qu’ils avaient eux-mêmes pu vérifier que l’aiguille présente dans les fourreaux entre la boîte de raccordement en limite de propriété et les maisons était mobile et donc opérationnelle.

Deuxième visite « il n’a pas de boîte de raccordement sur la rue on ne peut pas vous raccorder puisque la parcelle n’est pas alimentée en aérien ».

Désolé de prendre soin de notre environnement en réalisant ou en prévoyant des raccordements souterrains, on est tout de même au XXI ^-ème siècle et dans une rue où nos édiles ont eu, il y a déjà fort longtemps, le souci d’enfouir : câbles électriques, éclairage public et câbles téléphoniques (hors distribution). On pouvait donc être en droit de penser que la fibre arrivant en souterrain jusqu’au NRO (Nœud de Raccordement Optique) et en repartant pour la distribution en souterrain le raccordement des maisons serait également en souterrain si la partie privative l’était.

Eh bien non ! ou alors peut-être faut-il trouver le bon interlocuteur ?

• Orange, même sous la tente installée face à LIDL pour informer la population de l’arrivée de la fibre à BEYNOST, et Free, qui a également été contacté, répondent aux abonnés absents, un comble pour le téléphone ;
• Le SIEA qui renvoie sur la Mairie qui doit l’informer de l’existence des nouvelles maisons et émettre un certificat d’adressage ;
• La Mairie qui ne répond on vous rappellera.

Résultat en 2022 on en est encore à devoir emménager à BEYNOST, rue Saint-Pierre dans une maison neuve sans téléphone fixe, et pratiquement pas de mobile d’ailleurs car il ne passe mal (H+ seulement).

Donc sans possibilité

• D’appeler les secours en cas de nécessité urgente ;
• De lire ses courriels ou d’envoyer ;
• De bénéficier de la domotique de sa maison et tout ce que cela entraîne ;
• De Permettre à ses enfants de suivre des cours à domicile en cas de confinement ;
• De pouvoir télétravailler et respecter les consignes de Monsieur le Premier Ministre.

Encore un effort de libéralisation de l’économie et nous pourrons regretter le « bon temps du
XX ^-ème siècle » où tous les Français étaient logés à la même enseigne face aux Services encore publics à l’époque.

Quelques photos de l’état de la fibre dans la rue Saint-Pierre, jugez par vous même de l’état des raccordements fibre vieux de quelques jours seulement ! Et on ose nous parler de la sécurisation des réseaux et se féliciter du travail remarquable réalisé par les opérateurs privés !

Cette fois, il n’y a pas à hésiter entre rire et pleurer c’est bien pleurer qu’il faut choisir !

La preuve pour la maison ancienne, trois cents ans de présence Rue Saint-Pierre, raccordable elle en aérien les gags continuent :

• le 3 février nous avions rendez-vous avec le sous-traitant du sous-traitant d’Eiffage elle même sous-traitante d’Orange pour son raccordement aérien à la fibre, résultat les deux techniciens n’avaient pas de nacelle. Ils n’ont rien pu faire ;
• le 10 février nouveau rendez-vous le camion nacelle s’arrête face à la fenêtre de la cuisine et repart sans aucune explication. Eiffage nous confirme qu’il va revenir à 17 heures ne le voyant pas pointer son capot nous rappelons Eiffage : « réponse vous n’avez pas répondu au technicien lorsqu’il a sonné chez vous ». Faux, archi faux puisque nous sommes trois à pouvoir affirmer qu’il n’est même descendu de son véhicule.
• Nouveau rendez-vous pris pour le lundi 14 février avec nacelle. Donc comme dans le s séries télévisées suite au prochain épisode de la saga du raccordement à la fibre rue Saint-Pierre à BEYNOST.

Le SIEA, Orange et leurs sous-traitants ont inventé un nouveau jeu : « Cette fois ou la prochaine fois ? ». Et comme dirait le regretté Coluche, « et vous trouvez cela drôle« . Moi non et je regrette le bon temps de France Télécom et de nos grands Services publics qui eux au moins avaient le sens du service public et n’en déplaise à certains avaient aussi le sens de l’organisation.

Au jeu « Cette fois ou la prochaine fois ? » lundi en fin de journée, nous avons gagné la troisième tentative a été la bonne.

Il ne nous reste plus qu’attendre que le SIEA nous donne une date de rendez-vous avec leur Technicien pour le raccordement en souterrain des deux nouvelles maisons surtout celle de notre fille qui a dû emménager sans fibre, ni téléphone et avec un mobile en H+ autant dire sans Internet.

Jean-Pierre COTTAZ